Suite à la loi APER sur les objectifs de la transition énergétique
L’agenda vert européen peut conduire à la désintégration de l’Europe
26 mars 2024
Le nouvel agenda vert européen (Green new deal), présenté en fanfare il y a près de trois ans par la Commission européenne, est devenu une des causes majeures du déclin économique et social de l’Europe. Il revient à se donner des objectifs de décarbonation inatteignables, sans vouloir en mesurer les conséquences économiques, financières et sociales et en multipliant les contraintes infligées aux populations et aux entreprises. Cela est encore plus flagrant quand depuis trois ans l’environnement international géopolitique, commercial et financier ne cesse de se dégrader. C’est ce que montre un rapport récent et alarmant de l’Ifri (Institut français des relations internationales). Il met en garde contre « le scénario d’une Europe en voie de désintégration… ».
Le fameux agenda vert européen, imposé par la Commission européenne aux Etats membres en juillet 2021, était déjà une pure construction intellectuelle construite sur des hypothèses technologiques et économiques très fragiles. Mais le changement rapide d’environnement géopolitique et commercial, marqué par le conflit ouvert entre les pays européens et la Russie, l’opposition grandissante entre les occidentaux et le sud global, notamment la Chine, et la dégradation de la situation économique et financière rendent cet agenda vert encore plus irréaliste et même nuisible. Le problème est que les institutions européennes admettent rarement leurs erreurs et n’en subissent pas directement les conséquences même si elles sont lourdes.
C’est ce que montre en filigrane un rapport alarmant de l’Ifri (Institut français des relations internationales) intitulé « How Can the Green Deal Adapt to a Brutal World? » (Comment l’agenda vert peut s’adapter à un monde brutal) publié il y a quelques semaines et passé presque inaperçu.
Une dépendance à la fois aux importations d’hydrocarbures et aux équipements de la transition
Il souligne qu’« il est primordial de procéder à une réévaluation stratégique et d’adapter le Green Deal à un monde brutal. L’UE [Union Européenne] ayant de moins en moins d’outils pour influencer le monde, elle devrait s’efforcer de devenir plus efficace et plus résistante à l’intérieur et plus stratégique à l’extérieur…. Le pire scénario pour la transition énergétique européenne est une voie où les coûts d’importation des combustibles fossiles restent élevés, où les équipements technologiques importés pour les technologies à faible émission de carbone augmentent, où les matières premières sont fournies et militarisées par la Chine, où les industries à forte intensité énergétique arrêtent leur production, où la plupart des gouvernements ne peuvent pas compenser l’augmentation des coûts énergétiques et économiques pour les citoyens et les entreprises, où l’innovation n’est pas mise à l’échelle, et où les budgets de R&D diminuent et produisent de moins en moins… Ce serait le scénario d’une Europe en voie de désintégration… ».
L’Union Européenne est d’abord extrêmement dépendante des importations d’énergie qui lui coûtent de plus en plus cher. Même si le taux de dépendance a diminué depuis son pic de 2019 (60,5%), il reste très élevé (55,5% en 2021).
Factures mensuelles d’importation d’énergie par l’Union Européenne
Noir pétrole, bleu gaz naturel, gris total. En milliards d’euros.
Le risque aujourd’hui est de voir une accélération de la désindustrialisation de l’Union Européenne et son appauvrissement du fait de la disparition de l’accès à une énergie abondante et relativement bon marché. Et ce n’est pas un phénomène passager lié à l’envolée des prix du gaz et de l’électricité au lendemain de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Selon les statistiques d’Eurostat, la production industrielle de l’Union Européenne a baissé de 6,1% entre septembre 2022 et septembre 2023.
Consommation d’électricité en Europe
En TWh.
« L’UE risque d’être submergée par une série de crises simultanées. Elle aura dépensé plus de 600 milliards d’euros pour les importations d’énergie au lieu de les allouer à la transition énergétique. Les gouvernements auront investi une somme équivalente pour atténuer les crises énergétiques. Ces chiffres sont alarmants. Le danger réside dans le fait que l’UE continue de se décarboner non pas grâce à des politiques efficaces mais en raison de la fermeture de ses industries intensives en énergie, de taux de croissance faibles, d’une dépendance accrue aux importations, d’institutions défaillantes et de marchés fragmentés », écrivent Marc-Antoine Eyl-Mazzega et Diana-Paula Gherasim, les deux auteurs du rapport de l’Ifri.
L’Union Européenne est dans une situation de faiblesse, face aux Etats-Unis, car elle importe l’intégralité de ses hydrocarbures et face à la Chine, car son industrie qui produit les technologies et les équipements à faible émission de carbone de la transition énergétique (véhicules électriques, batteries, éoliennes, panneaux photovoltaïques, électrolyseurs, pompes à chaleur…) n’est pas suffisamment compétitive.
De juin 2022 à juin 2023, les investissements industriels ont progressé de 5% dans le monde par rapport à la période précédente de juin 2021-juin 2022. Ils ont atteint 1.306 milliards de dollars dont les trois-quarts dans l’implantation de nouvelles capacités de production. L’essentiel de ses investissements se dirige toujours vers l’Asie, qui en recueille 54%. Derrière, les Etats-Unis ont bénéficié de plus de 23,5% du total des investissements mondiaux (309 milliards de dollars), un chiffre en hausse de 4% sur un an lié à la fois à des prix de l’énergie attractifs (trois fois inférieurs à ceux de l’Europe) et à l’impact de l’Inflation Reduction Act. En revanche, les investissements annoncés dans l’Union européenne ne représentent que 6,7% du total…
La transition ne donne pas d’avantage concurrentiel à l’industrie européenne, au contraire
« Les industries font face à des coûts élevés de l’énergie et du carbone, à des exigences strictes ainsi qu’à des contraintes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Malgré les efforts pour adopter des pratiques plus propres, la transition ne confère pas un avantage concurrentiel clair par rapport aux homologues internationaux. De nombreuses industries intensives en énergie, banques et entreprises énergétiques réduisent déjà leur activité, tandis que les principales entreprises automobiles et fournisseurs d’équipements à faible émission de carbone sont en danger », écrit l’Ifri.
L’agenda vert tel qu’il est mené aujourd’hui, dans un contexte de conflits géopolitiques et commerciaux, est devenu une menace pour l’économie européenne. Illustration : les exportations chinoises vers l’Europe connaissent une progression très rapide. Le déséquilibre commercial est passé en deux ans d’un déficit de 200 milliards d’euros à près de 400 milliards d’euros. Cette situation ne peut que continuer à se dégrader si l’Europe continue à faire face à un renchérissement des prix de son énergie et à dépendre de la Chine pour ses équipements énergétiques décarbonés (éoliens et solaires notamment).
Or réaliser aujourd’hui la transition sans les productions industrielles chinoises est devenu impossible au point que l’Europe a d’ailleurs décidé de sacrifier ce qui lui restait de production photovoltaïque sur son sol pour pouvoir continuer à acheter des panneaux solaires à prix cassés et tenter ainsi de tenir ses objectifs de décarbonation. Un précédent très dangereux.
Réindustrialisation américaine
Dans le même temps, les États-Unis se sont lancés eux avec efficacité dans une réindustrialisation et un renforcement de leur souveraineté économique avec une succession de textes législatifs et de programmes de financements fédéraux massifs : Chips Act, Infrastructure Bill, Foreign Entities of Concerns, Inflation Reduction Act (IRA). L’IRA est conçu comme une véritable arme économique et financière contre la suprématie chinoise dans les matières premières dites critiques les batteries, le photovoltaïque, l’hydrogène, l’éolien marin et même le nucléaire.
L’Europe est ainsi prise en étau entre une industrie chinoise plus compétitive et ayant de trop grandes capacités de production qui la contraigne à exporter à tout prix et le protectionnisme américain renforcé par des coûts de l’énergie bien plus faibles. Cela explique notamment pourquoi le potentiel de croissance économique des Etats-Unis est bien plus élevé que celui l’UE et pourquoi ils concentrent l’épargne mondiale et le capital-risque.
Un risque de déclin irréversible
Tandis que la production industrielle de l’UE a baissé ces dernières années – l’acier, les engrais et l’aluminium étant plus particulièrement touchés – les États-Unis n’ont pas connu une telle crise. Et ils vont bientôt commencer à tirer les bénéfices de la vague d’expansion manufacturière déclenchée par les textes législatifs adoptés au cours des dernières années. Pour l’Ifri : « la menace pour l’UE à ce stade est de commencer à reculer de manière irréversible, d’autant plus qu’elle n’est de loin pas en tête pour ce qui est de la facilité d’installer de grandes installations industrielles ou de construire des interconnexions électriques ».
scandale des revenus infra marginaux
"les trous dans la raquette du dispositif, qui ont permis aux producteurs, distributeurs et intermédiaires des marchés de gros de l'électricité d'empocher 30 milliards d'euros de marges bénéficiaires à la faveur de la crise énergétique - quand l'Etat n'en a recouvré que 2,8 milliards d'euros grâce à la CRIM* en 2022 et 2023 (selon les dernières estimations publiées en décembre par le gouvernement)… à des années-lumière des 12,3 milliards escomptés."
* CRIM contribution sur la rente infra marginauxA ajouter à ce coût les+ de 8 milliards de perte d'EDF (texte 95 le 10/11/23 Sénat )
Et maintenant on cherche 10 milliards d'économie pour le budget de l'Etat!!
Taxe sur les « superprofits » : Bercy veut limiter le débat aux producteurs d'électricité, Les Echos, 25/03/2024
Le ministre de l'Economie prévoit de reconduire en 2025 la contribution sur les rentes inframarginales des producteurs d'électricité. La Cour des comptes a récemment appelé à un renforcement du dispositif, jugé peu efficace. Les énergéticiens questionnent, eux, sa légitimité juridique.
Bruno Le Maire ne veut pas entendre parler de hausse des impôts. Face au dérapage des comptes publics, le ministre de l'Economie ne jure que par une diminution des dépenses - urgente et massive. Pourtant, il est prêt à faire une première entorse à ce dogme de la stabilité fiscale, en prolongeant d'une année supplémentaire la taxe sur les producteurs d'électricité - baptisée « contribution sur les rentes inframarginales » (CRIM).
Interviewé sur BFM vendredi, Bruno Le Maire a redit son opposition à une taxation des « superprofits » des entreprises l'an prochain… sauf pour le secteur énergétique. « Il y aura dans ce budget, comme il y a eu en 2023, une récupération des rentes qui ont pu être faites par les énergéticiens tout simplement parce que les prix ont flambé », a expliqué le ministre.
Dissensions dans la majoritéBruno Le Maire fait cette concession alors que les débats, au sein même de la majorité, sont de plus en plus vifs sur les questions fiscales. Le Modem se fait depuis longtemps l'avocat de hausses ciblées (taxe sur les rachats d'actions et les superdividendes, ISF vert…). Récemment, de nombreuses voix - à commencer par celle de la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet - entonnent une mélodie similaire et appellent le gouvernement à ne pas s'arc-bouter sur ses positions. Plusieurs parlementaires Renaissance songent à porter eux-mêmes une proposition de loi sur la taxation des « superprofits ».
Pour court-circuiter ces débats, Bercy ouvre donc la porte à une nouvelle taxation exceptionnelle des seuls producteurs d'électricité en 2025. Et même à son durcissement. « Je suis tout à fait prêt à ce que l'on regarde cette contribution inframarginale pour l'améliorer et s'assurer que les énergéticiens ne font pas des rentes sur l'énergie », a expliqué Bruno Le Maire ce lundi sur RTL.
Une taxe mal ficeléeCette remarque fait écho aux vives critiques exprimées par la Cour des comptes la semaine dernière à propos de la CRIM. Les magistrats financiers dénonçaient les trous dans la raquette du dispositif, qui ont permis aux producteurs, distributeurs et intermédiaires des marchés de gros de l'électricité d'empocher 30 milliards d'euros de marges bénéficiaires à la faveur de la crise énergétique - quand l'Etat n'en a recouvré que 2,8 milliards d'euros grâce à la CRIM en 2022 et 2023 (selon les dernières estimations publiées en décembre par le gouvernement)… à des années-lumière des 12,3 milliards escomptés.
Dans son rapport, la Cour des comptes invitait le Parlement à « faire évoluer le champ et les modalités de calcul de la contribution sur les rentes inframarginales au titre de 2024, afin d'en augmenter le rendement ». Bercy semble favorable à un durcissement. Reste à savoir par quel biais. S'agira-t-il de l'étendre à certaines filières exclues comme les réservoirs hydrauliques ? D'abaisser les seuils caractérisant les marges taxables des différentes technologies ? De relever la part de ces marges excédentaires ponctionnée par le fisc - initialement fixée à 90 % mais ramenée en 2024 à 50 % ?
Incertitude juridiqueQuel qu'en soit le levier, la mesure risque fort d'être mal accueillie par les producteurs d'électricité. Plusieurs d'entre eux ont déjà, selon nos informations, déposé un recours devant le Conseil d'Etat l'été dernier, dénonçant l'illégalité d'un dispositif qui dépasserait largement le cadre du règlement européen dans lequel il était censé s'inscrire. Celui-ci n'imposait en théorie aux Etats membres de plafonner les marges des énergéticiens que du 1er décembre 2022 au 30 juin 2023.
« La Commission européenne a conclu en juin 2023 qu'il était préférable de ne pas prolonger le plafonnement, car le dispositif engendrait trop de divergences d'un pays à l'autre et pouvait provoquer un dérèglement du marché », explique Sarah Dardour-Attali, avocate associée au cabinet CMS Francis Lefebvre, qui rappelle qu'un recours a été déposé au niveau européen par des producteurs belges. « Une question préjudicielle a été renvoyée par la Cour d'appel de Bruxelles à la Cour de justice de l'Union européenne. Sa décision pourrait avoir une incidence sur l'application passée et future de mesures de plafonnement en France ».
On marche sur la tête!.. Parfois il n'y a pas de vent et les prix s'envolent pour les pays qui doivent importer.
Le 24 mars à 13h , trop de vent, pas assez de consommation et les prix s'effondrent. Pour certains pays les prix deviennent négatifs! Une raison de plus de limiter les EnR intermittentes!
Désindustrialisation... la consommation électrique baisse...
Pour réussir cette stratégie de transition sans appauvrir le pays et même en lui permettant de se réindustrialiser, une production d’électricité décarbonée, abondante et bon marché était nécessaire
Si le déclin économique et l’appauvrissement de la France se poursuivent et s’accélèrent, cela se traduira dans les prochaines années et décennies par une moindre consommation d’énergie et surtout d’électricité. Une destruction de la demande des entreprises comme des particuliers par les prix que nous voyons se produire sous nos yeux… Les régions du monde dynamiques consomment de plus en plus d’énergie, nous de moins en moins pour de bonnes (gains d’efficacité) et de mauvaises raisons (pertes de compétitivité et de productivité). Les doutes grandissent du coup sur l’ampleur de l’électrification des usages qui devrait être la pierre angulaire de la transition énergétique, dans l’industrie, les transports et le chauffage. RTE va devoir en tenir compte, à moins qu’il y ait un sursaut en matière d’investissements, de productivité et de réindustrialisation… On peut toujours rêver.
« Les prévisions sont difficiles, surtout quand elles concernent l’avenir ». Par ce trait d’esprit devenu célèbre, Pierre Dac illustrait parfaitement la difficulté que représente l’exercice de la prospective. Tout particulièrement dans le domaine de l’énergie. La litanie depuis des années des prévisions erronées et rapidement contredites par les faits que ce soit par les institutions, les experts auto-proclamés, les politiques ou les militants est interminable. Elle devrait inciter les uns et les autres à plus de modestie. Ce n’est pas vraiment le cas.
RTE, le Réseau de transport d’électricité, n’est pas épargné par ce type d’errements. Lorsque l’entreprise publie à la fin de l’année 2021, son étude « Futurs Energétiques 2050 », elle surprend son monde en mettant fin à des dérives idéologiques et en ayant effectué un travail de fond. Il s’agit d’une des études prospectives européennes parmi les plus poussées. Les différents scénarios proposés offrent plusieurs alternatives de mix énergétique avec un même objectif : la neutralité carbone en 2050.
Des prévisions déjà obsolètesMais moins de trois ans plus tard et en dépit d’une première mise à jour en septembre 2023, force est de constater que la plupart des prévisions sont d’ores et déjà obsolètes. « Futurs Énergétiques » partait du principe que la neutralité carbone ne pouvait être atteinte qu’en reportant une part importante des usages fossiles vers de l’électricité bas carbone, la fameuse électrification des usages.
Elle va des transports, avec les voitures électriques, à l’industrie en passant par le chauffage et le remplacement des chaudières thermiques par des pompes à chaleur. Elle devait entraîner une augmentation continue de la consommation électrique et donc des besoins d’électricité bas carbone.
Le signal prix détruit la demande d’électricité
Las. La crise énergétique est passée par là, tout comme la désindustrialisation, la faiblesse des investissements dans la recherche et le développement, la baisse de la productivité, l’abaissement du potentiel de croissance du pays et l’appauvrissement de fait des populations sur fond de renchérissement majeur de la ressource électrique. Cela a entraîné une baisse inédite de la consommation dont on peut se demander si elle sera durable.
Ce que les économistes appellent le signal prix a fortement incité à la sobriété (choisie et surtout subie), mais aussi aux recherches de gains d’efficacité (isolation, passage à des appareils moins gourmands, etc…) qui sont, eux, amenés à perdurer. Il semblerait que le gisement de ces gains d’efficacité ait été très largement sous-estimé, et explique en grande partie une consommation qui en 2023 s’est retrouvée être la plus basse depuis 2002, battant même le récent record de l’année 2020 et de ses confinements successifs.
Le gouvernement et la fiscalité à contretempsMoins réjouissant, l’électrification de l’industrie après l’explosion des prix du gaz en 2022 semble marquer le pas, ralentie par l’effet croisé de la baisse des cours du méthane et celle de la tonne de CO2.
Le gouvernement, n’ayant pas conscience du risque que fait porter la destruction de la demande par les prix à la stratégie nationale bas carbone (SNBC), a amplifié le mouvement en ce début d’année 2024 en rétablissant la fiscalité sur l’électricité à son niveau d’avant crise. Cela s’est traduit le 1er février dernier par une nouvelle hausse de presque 10% du tarif réglementé pour les ménages. Plus problématique encore : la fiscalité du gaz naturel est désormais plus avantageuse que la fiscalité sur l’électricité, très largement décarbonée en France.
Dès lors, les scénarios de hausse rapide de la consommation par l’électrification des usages, pierre angulaire de la transition énergétique, doivent être sérieusement questionnés. Pour réussir cette stratégie de transition sans appauvrir le pays et même en lui permettant de se réindustrialisation, une production d’électricité décarbonée, abondante et bon marché était nécessaire. Est-ce encore le cas ?
Le jeu très politique de RTELes hypothèses de RTE ont toujours été considérées comme « conservatrices », comprendre pessimistes… et surtout prudente politiquement. En 2021, le retour en grâce du nucléaire au gouvernement et dans l’opinion n’était pas encore totalement acté. Du coup, le scénario le « plus nucléarisé » de l’entreprise publique tablait sur une production du parc de réacteurs d’EDF de 360 TWh annuels en production et une fermeture des réacteurs aux alentours de leur 60ème année. Un chiffre qui était déjà étonnant il y a trois ans. Intégrant la mise en service de l’EPR de Flamanville 3, il est très éloigné des niveaux de production du début des années 2000/2015 – autour de 400 TWh – et plus encore du record de 430 TWh de 2004.
Il ne tient pas non plus compte des possibilités d’augmentation de puissance des réacteurs existants. Ces améliorations portant sur la production d’électricité pas sur les réacteurs proprement dits ont été menées sur la quasi-totalité du parc européen, mais pas le français. Cela permettrait de fournir relativement rapidement une vingtaine de TWh supplémentaires et fait l’objet d’une grande attention.
« L’effet falaise » à compenser ou pas?
Il y a enfin un danger résultant des fermetures en cascade en fin de vie des réacteurs du parc nucléaire historique. Ce qui est appelé « l’effet falaise ». Le scénario le plus optimiste tablait sur 22 GW historiques restant seulement en 2050. Pour éviter une telle catastrophe, EDF n’a pas vraiment le choix et doit prolonger au-delà des 60 ans la durée de vie de son parc.
Au sommet de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique), Luc Rémont, le Pdg d’EDF, a expliqué ouvertement que les 56 réacteurs du parc historique français devraient tous pouvoir fonctionner au-delà des 60 ans.
Une consommation qui augmenterait moins vite et moins haut que prévu, un déclassement du parc historique reporté… cela remet en cause en grande partie les trajectoires de l’étude de RTE. En fait, tout le monde semble perdu. A commencer par le gouvernement qui ne cesse de repousser les débats autour de la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie).
Philippe Thomazo
Une interview à ne pas manquer de Samuel Furfari
dont le CV et l'expérience apportent une crédibilité à ses propos
Jugement très important qui fera jurisprudence sur la dévalorisation immobilière.
Victoire décisive pour les riverains contre les éoliennes : La Cour d'Appel de Rennes prononce des condamnations historiquesAngers le 27/03/2024 Dans un arrêt du 12 mars 2024, la Cour d’Appel de RENNES a prononcé des condamnations importantes à l’encontre d’un promoteur éolien entre 15 et 40% de la valeur vénale des maisons de 13 riverains d’un parc éolien (3 éoliennes de 118m de hauteur, d’une puissance de 2 MW chacune, situées entre 516 m et 1344 m des maisons des riverains).
La Cour d’Appel a reconnu l’existence de nuisances visuelles, sonores, sanitaires et électromagnétiques et a considéré que ces éoliennes avaient un impact sur la santé des riverains, sur leur cadre de vie et sur l’habitabilité de leurs maisons. Le promoteur éolien est donc condamné à verser aux riverains des sommes importantes en réparation de la perte de valeur vénale de leur bien immobilier (633.400 €), outre le remboursement des frais d’expertise (24.078 €) et une somme au titre des frais irrépétibles (65.000 €), soit une somme totale de 722.478 €.
Cet arrêt constitue donc un immense espoir pour les riverains souffrant des nuisances éoliennes.
Maître ECHEZAR Jugement de la cour d'appel de Rennes du 12 mars 2024 |
Brèves
BREVES 31-3-24
François Momboisse (@fmomboisse) a posté à 7:14 PM on mer., mars 20, 2024 :#nucléaire “ça fait 2 ans que vous faites des consultations tous azimuts, vous êtes incapables de trancher!”, le député de Fessenheim @RSCactu s’adresse au ministre, et il n’a peut-être pas tout à fait tort.:) https://t.co/xy6eK3AxtC(https://x.com/fmomboisse/status/1770514356482015716?t=0avN-1his62tTSpplce2jQ&s=03)
CEREME :
GES : « Une baisse des émissions avec le retour d’une forte production nucléaire en 2023 » (Citepa) 21/03/2024.
« Il y a une baisse des émissions avec le retour d’une forte production nucléaire en France en 2023 », indique le Citepa, qui publie son baromètre mensuel des émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques de l’année en cours. Le secteur de la production d’énergie participe le plus à la baisse de 4,8 % des émissions de GES en 2023 par rapport à 2022, soit -19 Mt CO2e. (News Tank Energies).
Le nucléaire fait un retour en grâce dans l’UE sous l’impulsion de Paris 21/03/2024.
Longtemps tabou à Bruxelles, le nucléaire fait un retour en grâce dans l'UE, où il bénéficie désormais de législations plus accommodantes en tant que levier de décarbonation aux côtés des renouvelables, sous l'influence décisive de la France. (AFP)
Prix du carbone de l’UE remise en question par la Confédération allemande des syndicats (25/03/2024)
A l’heure actuelle, l’UE prévoit un prix du carbone pour le chauffage et les carburants routiers en 2027. Le système d’échange des quotas d’émissions (SEQUE) qui s’applique également aux gaz a été adopté en 2023. Un coût supplémentaire de 45 euros par tonne de CO2 est prévu par la Commission, alors que des experts attendent plutôt un coût supplémentaire de 100 à 300 euros. La présidente de la Confédération allemande des syndicats, Yasmina Fahimi, a sonné l’alerte sur les conséquences que cette hausse de prix pourrait avoir sur l’industrie dans les pays européens qui sauraient déjà dans une tendance de désindustrialisation. Pour elle, le système devrait donc être revu. (Euractiv)
Les renouvelables en Bourse : le désamour, vraiment ?GREEN UNIVERS LE 26/3/24 Extrait
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L'étonnant virage pro-nucléaire de Bruxelles
Extrait la Tribune l e28/3/24
La présidente de la Commission européenne, l'Allemande Ursula von der Leyen, s'est non seulement déplacée au Sommet européen sur le nucléaire organisé jeudi dans la capitale belge, mais elle a défendu la place de cette source d'énergie dans la transition écologique. Une déclaration forte, signe du retour en force de l'atome civil sur le Vieux continent, après des décennies d'esquive. A moins qu'il ne s'agisse d'un calcul politique...
Principe de réalitéExtrait Transitions et Energies le 29/3/24
Le modèle théorique de l’AIE* n’avait pas anticipé, non plus, que la transition vers les véhicules électriques se heurterait à la réticence d’une bonne partie des consommateurs et que les industries éolienne et solaire affronteraient de grandes difficultés financières en Europe comme en Amérique du Nord.Le principe de réalité est que les fossiles assurent encore plus de 80% de la consommation mondiale d’énergie primaire, et que détruire l’ancienne économie avant d’avoir construit la nouvelle est impossible. L’économie décarbonée ne peut se développer, en tout cas aujourd’hui et pour encore un certain temps, qu’avec des équipements construits et transportés avec des énergies fossiles.Mais surtout, la grande majorité des pays au monde n’est pas prête à sacrifier une partie de sa croissance et de son avenir économique à la décarbonation. Une réalité qui n’existe pas dans les modèles de l’AIE. La transition demande des investissements gigantesques (2 à 4% du PIB mondial pendant trente ans) et détruit de fait de la richesse en rendant obsolète des infrastructures existantes et en renchérissant les prix de l’énergie.
*AIE Agence Internationale de l’Energie
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